Management - Soyez justes !
“Life is not fair, but we can always choose to be fair and just”
Duane Hodgin
Voici un autre volet de mes articles concernant le management et les RH.
En prenant la Direction d’une entreprise, en tant que DG à temps plein ou en Transition, il m’a toujours été bénéfique de chercher à rester « juste » dans une décision ou lorsque je dois arbitrer, trancher et décider-ce qui est mon rôle !
Tant soit peu une décision se justifie et s’explique aux protagonistes.
Je peux illustrer ces propos par 2 exemples dans ma carrière :
- Lors d’une mission de Transition, je reçois par mon mandant l’ordre écrit de me séparer de l’un des membres du Codir – je ne m’étends pas sur une décision éminemment injustifiée et politique, trop longue à expliquer-. N’étant pas d’accord, j’essaye de comprendre et d’inverser la situation. Au final je suis forcé de lancer le processus sous 15 jours, …le prix n’ayant aucune importance…
Je décide alors de rencontrer ce collaborateur en face à face, tout en ayant sécurisé l’erreur de procédure avec nos Conseils. Je lui explique ce qui NOUS arrive et lui propose de mettre en place un deal intéressant, une procédure connue à l’avance et de lui garantir une sortie honorable. La « rupture conventionnelle » n’existait pas.
Le fait d’agir de manière qui nous semblait à tous les deux « juste » dénote une grande confiance mutuelle ; cela a continué à nous rapprocher et nous communiquons encore aujourd’hui ensemble.
- Un autre exemple : dans mon rôle je fais contrôler tous les frais des collaborateurs, une source très prisée de revenus parallèles et complémentaires chez bien des commerciaux terrain. Cela fut le cas 3 fois dans 3 sociétés différentes.
On me signale alors des anomalies qui nous permettent de vérifier plus en détail la réalité des tournées et des frais occasionnés, et l’on tombe alors invariablement sur des preuves que je qualifie de « vol ».
En vrac voici certaines découvertes : fausses notes de frais, faux achats ou factures falsifiées, notes de carburant 2x par jour à 200km de distance mais séparée de 20mn, note d’hôtel fantôme, factures de kiné en estimant avoir trop roulé dans la journée, notes de frais avec gâteau et bouteille de Champagne pour des amis qui invitaient le collaborateur (et qui me rétorquais que l’entreprise n’ayant donc pas à payer l’hôtel ni le dîner, il était normal que ces cadeaux devaient être remboursés…).
Après avoir mis à pied les collaborateurs ou finalement les avoir licenciés pour faute, un jour je convoque un de mes commerciaux pour un entretien préalable. Je savais également ce collaborateur tombé dans une situation matrimoniale très compliquée qui a eu pour conséquence de le mettre dans une situation financière et fiscale encore plus compliquée.
Accompagné de son Chef des Ventes, il nous explique sa situation, au pied du mur et sa nécessité de trouver immédiatement de l’argent pour pouvoir sursoir à ses dettes . Il avoue immédiatement avoir fait des faux, de nous expliquer lesquels et la somme recherchée pour une dette fixe.
Nous lui signalons notre intention de sanctionner de tels agissements et nous laissons la journée pour prendre notre décision. Nous le recevons le soir.
Nous nous sommes posé cette fois-ci une question préalable : le rôle d’une hiérarchie est-il de continuer à « tenir la tête sous l’eau d’un collaborateur en train de se noyer » ?
Je ne crois pas ! Le rôle d’un dirigeant est aussi d’aider et de guider, tout en restant juste dans nos décisions, fidèle à nos valeurs et en restant un exemple pour le groupe.
Le collaborateur a bien entendu « écopé » d’un avertissement, mais n’a pas été licencié. Nous avons en plus mis en place un échéancier/ prélèvement sur salaire avec la recette des Impôts, et un système interne de prêt à taux 0 agréé par la Holding afin d’aider ce collaborateur à ne s’occuper que de son travail de vendeur et lui permettre de sortir de cette situation en spirale sans fin.
Nous avons eu raison ; le collaborateur est après quelques années toujours dans l’entreprise, et compte parmi les plus fidèles et meilleurs commerciaux, une personne sur laquelle son Chef des Vente peut compter !
Je peux citer aussi l’exemple des primes lorsqu’il s’agit de mettre en place un système équitable, vérifiable et calculable pour rester juste et éviter la prime « à la tête ».
Soyez juste dans vos décisions, c’est notre rôle de manager ! Nous avons tous à y gagner !
Avez-vous d’autres exemples ?